Interview -Bilan voyage

-          Alors ça y est c’est fini ce grand voyage, tu es de retour !

-          Non pas vraiment fini … en soi je suis physiquement au point de départ pour l’instant, mais le voyage en lui-même continue. Au contraire c’est même le début de l’aventure !

-          Qu’est-ce que ça t’a réellement apporté ?

-          Une vision différente des choses et de la vie surtout !

-          Tu nous en parles ?

-          Oui un peu plus loin …

-          Tu te sens différente ?

-          Pas vraiment, je crois qu’on ne change pas, tout ce que l’on devient est déjà inscrit en nous. C’est comme de repeindre un meuble, tu peux le poncer, le vernir, le laquer, le peindre, le réparer, le meuble est toujours le meuble même si après restauration il semble plus flamboyant qu’avant.

-          Pas de décalage alors ?

-          SI énormément ! Un ami me disait justement que j’étais déjà différente avant et que ça allait être pire maintenant ! Il a raison… Le décalage c’est entre ce que j’ai appris et vécu et ce qu’il se passe maintenant. Je me rends compte que je ne peux pas délaisser tout ce que j’ai appris et que je dois en faire une réalité actuelle même ici.

-          Tu nous les casses à tourner autour du pot, tu peux être plus précise ?

-          Je t’ai dis un peu plus loin …

-          OK…Bon alors 2 continents et 4 pays…quel a été ton coup de cœur ?

-          J’ai adoré le Pérou ! Les paysages y sont incroyables. Tu passes du désert à la montagne, de la jungle à la plage, tout y est !

-          Tes impressions sur les autres pays ?

-       La Thaïlande j’ai pas trop aimé. Ça a été le moment le plus dur de mon voyage, j’ai vraiment encaissé moralement, tout remis en question et commencé à découvrir ce qui va me suivre maintenant. Et c’est là aussi que j’ai fait de très belles rencontres dont une belle amitié avec Debi (Canadienne) et passé mon diplôme de plongée. Ce n’est donc pas que de la « faute de la Thaïlande» mais on est loin du pays du sourire dont j’ai entendu parler. Tu te sens plus portefeuille sur patte que backpakeur.

La Malaisie j’ai adoré, c’est tellement facile comme destination. Comme au Pérou on trouve des paysages très variés et surtout beaucoup de diversité de population. C’est très enrichissant. Je me suis souvent faite la réflexion qu’à côté d’eux, on était des sauvages !

-          C’est-à-dire ?

-          Ils connaissent le « vivre ensemble » malgré leurs différences et c’est très beau à voir. On a pas les mêmes valeurs, ni les mêmes problèmes…Je me souviens que le distributeur d’argent ne marchait pas, je n’avais pas un sou pour prendre le bus, ni me payer à manger. Le chauffeur de bus, un Sikh, m’a vue en galère devant le distributeur et m’a prêté 4 fois plus d’argent que je n’en avais besoin pour manger (alors que j’aurais très bien pu sauter un repas)et je suis montée dans le bus (trajet 4H) sans payer. Je l’ai remboursée à destination bien entendu, mais pour lui ce qu’il a fait était naturel, il ne s’est posé aucune question. Nous, on aurait pas forcément ce type de réaction spontanée. On commencerait même par s’inquiéter de savoir si on sera remboursé. Alors que ce type, qui je suis sûre ne devait pas avoir grand-chose à lui, il te l’offre…Un autre gars m’a prise en stop alors que je ne levais même pas le pouce et ne demandait rien en échange, 20km de détours juste pour le plaisir de rendre service, pas de drague non plus contrairement à ce que l’on pourrait imaginer… enfin voilà, là-bas c’est simple, on ne se prend pas la tête pour rien ! S’il y a un décalage avec ce que nous vivons ici, c’est bien celui-là ! Nous ici on est doué pour compliquer les choses, anticiper les évènements, faire des nœuds dans des cordes lisses…et râler après les nœuds qui ne passent plus dans les œilletons ! Partout où j’ai été les gens développent une sorte de fatalisme tranquille très apaisant.

-          Ton coup de cœur en Malaisie ?

-          Penang à George Town ! Moi qui ai eu tendance à fuir les villes, celle-ci m’a conquise. Une belle rencontre là encore avec Siew Ping dont le papa ne parlait pas un mot d’anglais avec qui on se comprenait sans parler. Mais j’ai aussi adoré, les iles, la jungle, les plantations de thé, partout j’ai rencontré des personnes exceptionnelles.

-          C’est propre au voyage crois-tu ?

-          Oui ! Lorsque tu voyages les gens n’ont pas le temps. Ils savent que d’ici 1 jour ou 2 tu seras partie. Pas le temps pour les faux semblants, les distorsions. Ils entrent en relation avec toi et se livrent instantanément. J’ai accueilli dans mes bras des gens pour pleurer alors que je ne les connaissais que depuis 1 heure, j’ai dormi dans le même lit qu’un homme que je ne connaissais que depuis 5h sans que la relation ne soit viciée, je me suis confiée sur des sujets sensibles à de parfaits inconnus, reçu des confidences qui n’avaient jamais été exprimées…En réalité ces personnes sont partout autour de nous. Mais le voyage rend tes perceptions différentes. La première chose que tu perds, c’est l’envie de faire semblant, tu te permets d’être vrai, la seconde c’est la peur, elle n’a pas sa place sinon elle te paralyse et tu n’as plus qu’à rentrer chez toi !

-          Tu n’as vraiment jamais eu peur ?

-        Si l’appréhension est de la peur alors j’ai eu peur tout le temps ! Tu es toujours dans l’inconnu, tu ne connais aucune rue, aucune personne, aucun mode de fonctionnement, tous tes repères sont inexistants, tu es une femme, et tu voyages seule… Crois-tu vraiment qu’il n’y ait aucune appréhension ? Ce que j’ai appris par contre c’est que ça se dompte. Il suffit de ne pas écouter. Il s’agit de faire confiance à la vie. Profondément confiance, comme un nourrisson dans les bras de sa mère, parce que de toute façon il est impuissant. C’est la même chose. Je ne sais pas si tu peux comprendre ca …

-          J’essaie…Comment fais-tu confiance à la vie ? Ce n’est pas une personne !

-          Si tu pars du principe que ta mère est la meilleure pour toi et qu’elle va te nourrir et te protéger, tu n’as plus peur et tu la laisses faire. Si tu pars du principe que la vie est ton alliée et qu’elle va t’offrir le meilleur d’elle-même tout comme ta mère, tu es en confiance. Quoi qu’il se passe, c’est que c’est bon pour toi. Il n’y a pas de lutte, pas de combat, pas de stratégie de défense. Et du coup c’est fluide.

-          Mais les évènements ?

-          Les évènements ont quelque chose à t’apprendre, quelque chose à te dire, bons ou mauvais, ils sont là pour toi et non pas contre toi. Parfois ça fait suer, c’est pas confortable mais c’est toujours pour toi ! Il n’y a qu’en leur faisant confiance aveuglement que l’on découvre les beautés cachées.

-          Quelles ont été tes plus grosses galères ?

-          Tu me crois si je te dis que je n’en ai pas eu ?  j’ai raté un train …désolée c’est le pire que je puisse te raconter. Si tu veux du croustillant, je peux te dire qu’à nouvel an j’étais à 1km d’un amas d’ossements humains sans sépultures dans un endroit glauque seule au milieu des montagnes.  Mais je ne l’ai su qu’après coup par un compagnon de route temporaire.

-          Rien n’a donc été un obstacle ?

-          Si ! Tous les jours j’ai livré combat. Contre moi-même ! Contre mes pensées formatées. Contre mes croyances. J’ai été mon plus grand et mon seul combat. J’ai dû tout désapprendre pour accepter que peut être c’était une vérité. J’ai dû recommencer chaque matin avec l’impression de ne pas avancer et de n’avoir pas retenu la leçon de la veille. Le monde n’est pas si dangereux, la bête la plus féroce que j’ai rencontré c’est mon mental !

-           Et qu’est ce qui t’a aidée ?

-      Tout ! Je me suis sentie profondément accompagnée durant mon voyage. Les 4 premiers mois par quelqu’un qui m’était chère avec qui je partageais tout via textos, puis des rencontres durant le voyage, un moine bouddhiste ensuite, les réseaux sociaux beaucoup. Quand je fatiguais j’y trouvais une ressource extraordinaire. C’est sûr que si tu t’abonnes à bob l’éponge il ne va pas te soutenir beaucoup, mais il y a des réseaux de voyageurs par pays qui ont des vraies galères qui te permettent de relativiser les tiennes, il y a les Zamis et la famille qui se préoccupent et prennent des nouvelles et les inspirations comme Mooji, Aagarth Stor, les enseignements de Ramana Maharshi, tous ces gens m’ont véritablement accompagnée et je ne me suis jamais sentie seule, chaque jour c’était comme s’ils avaient lu dans mes pensées....

-          Et le yoga ?

-          J’ai trouvé plein de « bonnes raisons » pour ne pas en faire. Et chaque fois que je le voulais, j’avais des soucis de wifi, de batterie, de centre fermé etc. Une expérience en Thaïlande dans un centre de yoga s’est avérée désastreuse mais le yoga en soi ne m’a jamais quittée. Même en trek j’entendais la vois de Brice et Elodie me dire dans les moments difficile : « c’est bien ! » «  C’est une petite lutte qui s’engage…».  Aujourd’hui je vois plus le yoga comme une philosophie, qui m’habite chaque instant puisqu’il est question de respiration… La respiration ne te quitte jamais ! J’ai fait des efforts considérables là-dessus mais ce n’est toujours pas ça !

-          Tu as aimé voyager seule ?

-          Profondément ! C’était un truc que j’avais à découvrir ! Bien sûr ça doit être sympa aussi de voyager à plusieurs mais je doute que ce soit la même expérience. Je me demandais vraiment comment ça pouvait être, puisque j’adore partager, je ne savais pas si cela me conviendrait. Mais j’ai adoré ! Tu deviens un peu dingo, tu te mets à parler aux arbres, aux fleurs, aux animaux et même au vent et dans ta folie ils te répondent…une vache sacrée et un boa (enfin un gros serpent comme ça) sont venu me chercher une caresse, les fleurs se parent de leurs plus belles robes pour te dire bonjour, les arbres te parlent, chaque mouvement de la nature semble avoir un message pour toi, j’adore cette folie douce !

-          Tu étais plus souvent dans la nature que dans les villes !

-          Oui ! Je fuyais les villes ! Je me sentais à chaque fois étouffer alors que dans la nature je revivais. C’est d’ailleurs étrange parce qu’avant ca je n’étais pas particulièrement trekkeuse ! Mais j’ai écouté tout ce que je ressentais et c’est ca qui a fait mon voyage. J’ai fui les musées, les villes, les endroits trop touristiques comme la fleur de 80 kg qui ne fleurit qu’une fois l’an pendant 5 jours en Malaisie. J’y étais et j’ai pas voulu y aller… Pour quoi faire d’ailleurs ? Dire j’ai vu, j’ai fait ? et poster la photo ? Aucun intérêt !

-          En tous cas merci pour tes partages en photo !

-          Tu sais que la photo ça m’a énormément aidée aussi ?

-          Comment ça ?

-          Tu te souviens de la série de photo que j’ai faite sur les fleurs ?

-          Oui, les chaussures d’Aladdin etc ?

-          C’est ça ! En réalité cet endroit était sans intérêt…C’était tellement triste à voir que je me suis concentrée sur ce qui était beau. J’ai traqué le moindre détail. Et peu à peu j’ai découvert des trésors de beauté… J’ai fait comme ça partout. Il faut savoir que la plus part des villes n’ont pas vraiment d’allure, c’est souvent moche et défoncé avec un quartier un peu mieux que les autres. On est pas en Europe ! Et moi toute cette misère ça me faisait mal partout dedans. Alors je me concentrais sur qui était beau pour vous le transmettre. La photo ça m’a forcé à porter mon attention sur ce qui me plaisait plutôt que sur ce qui me déplaisait et qui pourtant était parfois majoritaire. Mentalement ça change tout, y compris la vie et la vision de la vie…Lorsque tu te débarrasses de toutes les contraintes quotidiennes, que tu t’offres la chance d’abandonner tout ce qui pèse, tu entends différemment le monde, à commencer par le silence  et chaque expérience devient un enseignement que tu forges par toi-même. Tu es à la fois l’élève et le maitre de cet enseignement. C’est une expérience magnifique !

-          Tu n’as pas fait beaucoup de volontariat finalement …

-          C’est vrai ! J’aurais bien aimé pourtant mais il y a beaucoup de demandes et souvent je recevais une réponse bien longtemps après la demande, j’avais déjà bougé…L’idéal est peut-être d’anticiper la demande avant de partir mais cela implique de connaitre les étapes de son voyage, ce qui n’était pas mon cas !

-          Si c’était à refaire tu changerais quoi ?

-          Le poids de mon sac dos ! Je ne ferais pas un sac 4 saisons c’est certain !

-          As-tu eu besoin de tout ce que tu as emporté ?

-          J’adorerais répondre oui mais c’est non … Plus le temps passait, moins j’avais besoin de quelque chose. J’ai tourné avec 2 robes, 2 shorts, 2 pantalons, 3 tee shirts, 3 culottes, 1 sweat, 1 pull ; 2 paires de chaussure, 1 tenue de yoga et j’avais l’impression d’en avoir toujours trop ! J’ai adoré ne pas me demander comment m’habiller le matin, porter 6 mois durant les 3 mêmes tee-shirts, ne pas me maquiller du tout, attacher mes cheveux sans les coiffer.

-          Pourquoi tu as aimé ca ?

-          Je sais pas ! C’est génial de se moquer de son apparence, de s’asseoir partout par terre sans se dire aie je vais me salir, de se baigner dans une rivière toute habillée, c’est bon de s’en foutre ! Juste ça peut être !

-           Et le Sari alors ?

-          Ah le Sari ! Tellement inconfortable à porter pour une novice, si tu savais ! Par contre ça leur fait tellement plaisir et il fait tellement chaud pour porter un pantalon que ça ne vaut pas le coup de ne pas essayer. D’ailleurs, j’aurais pu porter une feuille de banane ça ne m’aurait pas dérangé non plus. Quand tu es chez les gens, tu fais comme eux et tu te sens bien, je ne suis pas mes vêtements, je ne m’identifie pas à une religion, ni un symbole, ou quoi que ce soit d’autre, tout ça c’est du vent ! Encore une question d’interprétation qui n’a aucune réelle valeur.

-          Dans les voyageurs que tu as rencontré, il devait y avoir beaucoup de jeunes non ?

-          Oui, il y a énormément de jeunes en tour du monde ! Ils sont incroyables ! J’ai passé des moments fabuleux avec eux, passé des heures à les écouter.  On se plaint souvent de la jeunesse, mais il n’y a pas de quoi ! Au contraire, je les trouve vaillants, plein de conneries aussi mais tellement bons dedans ! Ils sont drôles, plein d’idées pour demain, il nous faut prendre soin de ne pas les abimer avec tout notre savoir de vieux shnocks parce qu’ils sont très conscients et que l’on peut déjà leur confier Demain. Il y a plein de jeunes qui ont suivi mon périple, et j’en profite pour leur dire que je suis fière d’eux aussi et que je crois en eux même derrière l’écran de fumée de leurs joints. Ils grandissent plein de désillusions en arrivant dans notre monde formaté, ils se cassent la gueule en cours de route, mais ils sont fort, profondément forts et bons !

-          Tu as fait des vidéos, tu as écris, dans quoi te sens tu le mieux ?

-          Les vidéos c’est cool, ça va vite. L’écris prend beaucoup plus de temps, mais j’adore ! C’est à chaque fois une surprise pour moi de voir le résultat parce que c’est assez diffèrent de ce j’ai dans la tête, c’est plus profond aussi !

-          En dehors de tes narrations, tu as écris pendant ton voyage ?

-          Oui, pas mal ! En Thaïlande surtout ! Il y a eu cette urgence qui m’a faite rester 15 jours de plus au même endroit.

-          Sur le voyage ?

-          Pas du tout ! Sur la Colère !

-          Etrange thème non pour quelqu’un en voyage ?

-          Pas vraiment ! Souvent les gens considèrent le voyage comme des vacances où tu t’éclates et où tu fais la fête. C’est vrai peut être si tu pars 15 jours en vacances. Mais comprend que le voyage sur du long terme, c’est une entité de vie. Il te propose des évènements, des contraintes, tu es face à toi-même en permanence et il jaillit forcement ce à quoi tu t’attends le moins mais dont tu as finalement besoin. Là j’ai renoué avec la colère. Une expérience fort apaisante  quoi qu’on en pense ! Maintenant je me donne le droit d’être en colère, d’être imparfaite, de me tromper, de changer d’avis, de ne pas correspondre aux attentes, d’être bizarre, de décevoir etc. C’est tellement libérateur ! J’ai donc écris sur le thème de la colère …Je partagerai peut être le 1er  chapitre prochainement, ce serait intéressant de connaitre vos ressentis !

-          Qu’est ce qui t’a le plus marquée pendant ton voyage ?

-          Plus que la pauvreté, le problème de l’eau récurant sur les 2 continents. On en est arrivé à acheter de l’eau pour boire, de la terre pour mettre dans nos jardins, des arbres pour planter. Alors que tout cela est disponible gracieusement par la nature …Bientôt nous achèterons l’air, si on les laisse faire ! L’eau c’est la vie. Cette eau impropre à la consommation qui engendre ces déchets de bouteilles plastique partout, ça me touche vraiment. D’ailleurs c’est en parlant qu’à Auroville on m’a proposé un poste dans le développement territorial sur le projet de l’eau.  A vous aussi je vous le conseille, plutôt que les bouteilles d’eau pensez à vous renseigner sur la Katadyn et la Life straw qui sont des gourdes filtrantes. Tout le long de mon voyage j’ai regretté ma Katadyn chouravée au Pérou …

-          Le truc qui t’a le plus plu ?

-          Joker, j’ai aimé tant de choses …Allez je vais essayer de faire un tiercé ! Euh …Le trek de 5 jours seule dans la Colca au Pérou …inoubliable ! En Thaïlande, mon diplôme de plongée, en Malaisie la plongée avec les tortues et le requin, la jungle aussi ! En Inde, Varanasi la ville où l’on incinère les défunts et Tiruvannāmalai où j’ai fait l’expérience de 2 méditations inoubliables seule (l’une dans une grotte, l’autre sur une pierre où méditait Ramana Maharsi  !

-          Ce qui t’a rendue le plus heureuse ?

-          La contemplation de la nature, les arbres, l’eau

-          Ce qui t’a causé le plus de tracas ?

-          Mon mental! Depuis on est devenu un peu copains, mais il y a encore du job !

-          Mais il était où le problème avec ce mental ?

-          Il cause trop, ses monologues me saoulent, le but du jeu c’était de le laisser causer sans intervenir, c’est pas toujours facile avec toutes les conneries qu’il raconte !

-          L’application qui t’a le plus servie ?

-          Maps et Facebook !

-          Ce que tu as appris  et qu’il va te rester ?

-          L’instant présent. Je n’avais vraiment pas compris avant ce que cela signifiait ! Maintenant je sais qu’il ne faut s’attendre à rien parce que la vie te propose toujours ce à quoi tu ne t’attends pas !

-          Très spirituel tout ça …

-          La spiritualité est partout, surtout dans la nature et en nous et moins encore dans un temple ou au creux d’une religion. Je pense qu’il est bon de désacraliser ce mot. C’est déjà en marche aux portes du cœur de chacun. Il n’y a qu’à ouvrir les fenêtres, c’est l’air que l’on respire !

Sail rock - Koh Phangan - Thaïlande

7eme plongée mais 1ere après l’obtention du Diplôme- 18 mètres

Un jour comme les autres où le soleil se lève. Pas tout à fait comme les autres en réalité. Célébration d’une naissance ou d’une renaissance, les deux à la fois.

 

IL est 7h20, Ben vient me chercher en scooter pour m’emmener au centre de plongée. Nous traversons un quart de l’ile qui s’étire encore de cet énième réveil. Un café sur le pouce et nous voilà partis rejoindre le bateau en direction du mythique Sail Rock. Rocher et site de plongée célèbre pour ses innombrables poissons et coraux.

 

Je prépare mon matériel, le vérifie. Pas d’erreur, il y a bien de l’oxygène dans la bombonne, le gilet est lesté de 4kg, le détendeur fonctionne. Je peux monter sur le pont et profiter de la balade pendant 1h.

Le ciel s’étend à perte de vue se mariant avec la mer dans un drapé de bleu quasi identique. Le haut est comme le bas. Seuls les poissons diffèrent et portent le nom d’oiseaux. Ben s’assied en tailleur et médite au milieu des tasses de café, des éclats de rires et instructions des différents accompagnateurs. Adossée à la rambarde je ferme les yeux. C’est étrange la mer et les sensations qu’on y éprouve. Il faudra que j’envisage d’y passer plus de temps. Je sens le moteur qui vrombit massant chaque atome de mon corps, le roulis de l’eau qui donne le mal de mer à certains mais qui moi me berce. Le vent m’offre une caresse partout en même temps comme nul ne pourrait le faire,  il entre au-dedans de moi dans une inspiration et suit un long parcours oxygénant mon sang. Une bulle éclate et se disperse. J’entends parler 4 ou 5 langues différentes, le bruit de l’eau qui s’écarte au passage du bateau. Le soleil me dore la peau. Qu’on est bien là ! Rien que le temps d’y penser et je rouvre les yeux. Le soleil est déjà un peu plus haut. Sail Rock est en vue il est temps d’endosser la combinaison de plongée.

 

L’eau est trouble on voit à peine à 1 mètre. Mes yeux ont du mal à distinguer les choses, la mise au point est difficile. Plus tard on cherchera une explication venant de la lune mais non, elle n’y est pour rien, son croissant était parfait cette nuit. Par contre on se demande ce que les pipeline du golfe ont encore inventé. Les poissons redoublent de créativité pour se faire faire voir, ils sortent leurs couleurs fluorescentes. Ben me montre un crabe que je ne vois pas, et un corail à moitié mort. Cette partie-là est blanche et dure au toucher mais sur une des branches, je peux sentir le duvet. De minuscules filaments soyeux comme la fourrure d’un chat persan. Je débusque un énorme mérou marron et blanc tacheté qui cherche à se confondre avec la roche et m’en approche le plus possible sans le faire fuir. Bien qu’il ne faille jamais retenir sa respiration sous l’eau, j’évite d’expirer pour ne pas créer de bulles et l’effrayer. Ici c’est moi l’intrus ! Comme je parviens mal à distinguer ce qui m’entoure, je me retrouve fréquemment à quelques centimètres des parois rocheuses. Les oursins aux yeux bleus turquoise et aux piques incroyablement longs me font la faveur de se positionner là où je les vois. Ben me fait des signes, gonfler un peu le gilet, vider un peu d’air du gilet, contrôler le manomètre. Ça m’agace passablement tout ce matériel. Dans l’eau je peux monter, descendre, rester sur place sans avoir recours à tout ça. Mes poumons y suffisent et cela me passionne.  Nager sous l’eau sans artifice est un rêve que j’ai très souvent fait. C’est une sensation merveilleuse, presque la même que dans la réalité (sauf bruit du souffle dans le détendeur et celui des bulles qui troublent les poissons). 10 minutes viennent de s’écouler que nous sommes déjà à la surface. Ah non, ça fait 40 minutes que nous plongeons, j’ai encore plus de 70 d’oxygène. Mais il faut retourner au bateau le temps d’éliminer l’excès d’azote.

 

Une question est lancée car quelqu’un a vu un requin plat. Restons-nous sur Sail Rock pour le voir ou allons-nous à Koh Ma où j’eau est claire ? Pas envie de courir après un requin qui ne se remontrera pas forcement, je vote pour l’eau claire. Mais l’avis du groupe est diffèrent. Pouvoir dire j’ai vu un requin et se retrouver face à lui c’est le grand kiff des plongeurs. Dès le premier cours au centre on nous apprend que si un requin attaque c’est de notre faute, donc chacun œuvre pour ne plus en commettre et tous les bateau affluent lorsque quelqu’un en a vu un. Du coup ça me tente encore moins de me retrouver en meute au fond de l’eau pour jouer « les dents de la mer super star ». Je pourrais avoir peur mais ce n’est pas le cas. Il y aura d’autres requins ailleurs, moi je veux juste voir ce que j’ai devant moi.

 

Un buffet est servi. Riz blanc, curry de poulet, pates au poulet façon Thaï, salade de choux vinaigrette, Ananas et watermelon en morceaux. Je prends un peu de tout mais je me demande pourquoi j’insiste encore avec la viande qui me semble ne plus jamais avoir de gout. Klaxon du bateau … Je ne sais comment la situation s’est retournée mais le bateau démarre et nous allons à Koh Ma pour la seconde plongée !

Julie fait des nœuds pour en faire des bracelets, Ben me montre les photos des poissons dans un livre. C’est tellement figé que j’ai du mal à les reconnaitre par rapport à ce que j’ai vu. Certains poissons ou coraux semblent insignifiants alors qu’ils sont si beau dans l’eau ! On s’équipe à nouveau.

 

Cette fois l’eau est beaucoup plus claire. Je longe la paroi pour descendre et me régale à la vue de cratères qui sont en fait de la famille des éponges. D’ici on ne voit ni le ciel, ni le fond. Je lève un peu la tête et aperçois un banc de poisson gigantesque. Des milliers de poissons gros comme ma main, presque de la même couleur que l’eau à cette profondeur. Ils avancent a vive allure alors qu’on ne les voit même pas bouger la queue. Ils semblent immobiles, mais le banc passe juste devant moi. Je le regarde ébahie d’en voir autant. Je ne vois ni ou le banc s’arrête ni sa profondeur tant il y en a. C’est un mur de poissons. A nouveau je bouge le moins possible, je respire le plus lentement possible comme si je pouvais faire moins de bruit en inspirant calmement dans le détendeur et en expirant le plus lentement que ma capacité pulmonaire me le permet. Je suis les poissons du regard et vois qu’ils passent derrière moi, je me retourne lentement à la verticale. Je m’aperçois que je suis encerclée par le banc.  Le banc fait une boucle autour de moi. Je flotte au milieu de l’eau et du banc, ma position est parfaitement stable, je ne sais même pas comment je réussi à faire ça. Ben est à 3 ou 4 mètres de moi, il voit que je suis encerclée et regarde la scène. Un autre banc de poisson s’insère. De tout petits poissons ceux-ci. Bleus. Ils suivent le même parcours que les fusiliers qui sont à présent tellement proche que j’en distingue les fines raies marron et jaunes qui décorent leurs écailles et leurs queues. La go pro me tombe des mains tellement je suis absorbée par ce spectacle incroyable, j’ai l’impression de rêver. A présent où que mon regard se porte il y a le banc de poisson de fusiliers. Entre mes jambes, sous mes bras, au-dessus de ma tête. Et soudain c’est fini. Le banc a disparu comme il était venu. Je cherche Ben que j’ai perdu de vu mais qui m’attend toujours. Il me fait un signe auquel je suis sensée répondre pour dire que tout va bien. Mon cerveau n’est pas très connecté , je lui lève les deux pouces pour dire super, génial, fantastique, ça va, t’as vu ça, c’est fou…tout ce que deux pouces peuvent essayer d’exprimer d’extraordinaire à 15m de profondeur. Il me ramène vite à la réalité pour me faire comprendre que je viens de lui demander de remonter de toute urgence et que « ok c’est cool », c’est juste un rond avec les doigts. Ah oui, c’est vrai, mais là franchement c’est la dernière de mes affaires ! Nous continuons la plongée, je suis comme sonnée. J’entends que je respire, je sens mes poumons, mes pieds qui palment à peine comme les poissons, je ne sais même plus si je respirais ou non pendant qu’ils faisaient leur ronde. Peu à peu nous remontons. C’était tellement fou que sortie de l’eau j’ai oublié, occulté. Ben y fait une allusion verbalement. Ah non, je n’ai pas rêvé ! Plongée temps réel 55mn, temps vécu : l’éternité ou peut être 1minute. Encore 120 à mon compteur d’oxygène mais l’azote, toujours l’azote nous ramène à bord.

 

Le moteur vrombit en direction des côtes. Débriefing de plongé, retour à l’hôtel.

 

 Je vais diner Thai avec ma douce amie Debi qui m’enveloppe de son attention. Avec elle chaque conversation commence par un effort de ma part en anglais et finit dans un Français qu’elle maitrise plus que bien.

 

.Jordan, ma voisine de chambre repart demain pour un camp d’entrainement de boxe thaï et voudrait boire avec moi un dernier verre. Trop fatigué et envie d’un peu de solitude pour gouter encore à cette merveilleuse journée ! Mais c’était sans compter la détermination de Jordan qui m’apporta un verre de vin pour le déguster au clair de lune ! 2 jours plus tôt je l’avais trouvée devant la porte de sa chambre bien embarrassée parce qu’une grosse blatte se baladait autour de son lit. J’avais pris une tasse, fait prisonnière la cruelle créature qui l’empêchait de dormir et l’avait relâchée dans le jardin de l’hôtel. Jordan rêve de devenir photographe, Jordan est sauvage et parle parait il très peu mais ce soir c’est un volcan en irruption qui a besoin de dire les choses. Jordan est Israélienne, elle vient de passer 3 ans dans une section spéciale de l’armée de son pays où hommes et femmes sont mélangés. Mais Jordan a peur des cafards et me raconte sa vie. Mais ça c’est une autre histoire (ou pas) !

 

Merci la vie pour cette incroyable journée !

histoire d'eau i

Histoire d'eau 1

 

C'était en Malaisie.

 

J'allais de village en village quand le bus s'arrêta au milieu de nulle part et qu'on nous fit descendre avec pour consigne de suivre prudemment l'interminable file de charrettes et combis jusqu'au prochain village.

Arrivée au pont avec mes 20 kg sur le dos je fis face à une foule qui bloquait la seule issue à des lieues à la ronde.

Je m'infiltrais...

 

Il s'agissait du blocage du seul pont qui menait à l'eau potable. Le prix de l'eau avait augmenté, les riverains ne pouvaient plus payer. Ils empiraient leur situation puisque eux mêmes ne pouvaient se rendre au point d'eau mais ne trouvaient pas d'autre moyen de pression sur ce gouvernement qui les déshydratait que de semer la pagaille sur les accès routiers.

Passaient au compte goutte, les malades, les enfants et les femmes enceintes.

 

Je faisais la queue espérant un petit miracle pour arriver à destination 100km plus loin sans encombre. Chacun me racontait sa version.

Les uns râlaient parce que c'était inutile ou pas le bon moyen, d'autres voulaient traverser pour travailler. Plus loin les femmes chantaient en alternance à leur bavardages pour adoucir l'attente sous un soleil de plomb devant le regard indifférent de l'armée.

 

Des hommes m'ont invitée à poser mon sac à dos disant qu'il y en avait pour des heures, voir des jours, certains m'ont donné des fruits. Puis une vieille femme est venue et m'a donné sa place de passage. A ceux qui ne voyaient pas pourquoi moi l'étrangère je passerai plutôt qu'eux, elle a répondu.: "

je veux qu'elle prenne ma place parce que je veux qu'elle dise dans son pays que c'est parce que nous somme Unis que nous aurons de l'eau, je veux qu'elle dise à son pays que nous l'avons laissé passer."

Et je suis passée.

 

histoire d'eau ii - Inde- Tamil Nadu- Cochin

Histoires d’eau 2

 

Je venais d’arriver en Inde dans le Tamil Nadu. Il faisait plus de 40 degrés !

 

J’attrapais ma bouteille d’eau et bu les dernières gorgées. Plus une goutte. Je regrettais déjà ma gourde filtrante. Avec elle je pouvais trouver de l’eau dans n’importe quelle flaque d’eau boueuse, à n’importe quel conduit d’eau insalubre ou non et me désaltérer en abondance, sans payer, sans polluer. Oui mais voilà, elle avait disparue lors d’une randonnée au Pérou et depuis ma soif était dépendante d’une fontaine ou d’une échoppe où me ravitailler.

 

La gorge sèche j’arrivais enfin devant une bâtisse fermée sensée être mon hôtel. Il faisait trop chaud, mon sac à dos était trop lourd, j’avais trop soif. Le mot maitre en cet instant c’était trop ! Trop de pas assez ! Comme dans une célèbre pub pour une boisson gazeuse je fantasmais une oasis avec des cocotiers au détour d’une dune et de l’eau en abondance. Ce ne fut pas l’oasis qui me tira de ma rêverie mais le voisin de l’hôtel qui m’invita à prendre un thé. Non pas sous sa tente berbère, mais dans son salon à l’ombre et avec ventilateur ! Il connaissait bien le propriétaire de l’hôtel qui avait fermé quelques mois plus tôt et l’appela.

 

En 20 mn il débarqua en scooter, me fit enfourcher son destrier mécanique pétaradant et aussi sec nous voilà repartis destination chez lui, je ne sais où ! Je n’en menais pas large et me trouvais parfois fort inconsciente. En une claque j’aurais pu me retrouver par terre, spoliée de mon sac à dos, de mes papiers ou de mes espèces ou des 3 ! Au lieu de ça, il m’emmena dans un restaurant typique, attendit devant la porte que j’ai fini mon premier déjeuner avec les doigts (autant dire que j’ai adoré ça, moi qui gamine devait manger les frites à la fourchette). Il me conduisit chez lui auprès de sa femme et de ses enfants, me montra ma chambre presque aussi grande qu’une salle de bal (lustres et peinture neuve en moins), prit grand soin du moindre de mes désirs y compris de ceux que je n’avais pas formulé…

 

Un soir sur la terrasse il me demanda ce que je pensais de sa ville. Ce jour-là je venais de faire les waterfalls vers Cochin un magnifique écrin de verdure le long de la rivière. Ce qui m’avait particulièrement choquée partout sur le trajet pour y aller c’était le nombre de bouteilles plastique qui avaient contenu de l’eau et qui jonchaient les bords de route. Vous ne connaissez pas les poubelles ? Je venais de poser cette question d’une façon un peu cavalière et sans me douter à quel point lui-même était contrit de la situation. Il s’excusa pour ses congénères, me raconta qu’il allait souvent nettoyer les plages là-bas plus loin avec un groupe de gens qui s’y dédiaient aussi et que c’était effectivement un fléau tout ce plastique pour la planète. Des bouteilles à usage unique dans un pays où il fait si chaud, à l’époque où les nappes phréatiques sont contaminées par les polluants industriels c’est de la folie. Reviens dans 2 ans et je te promets qu’il n’y en aura plus, me dit-il comme si j’avais été un ministre très important, nous nous battons tous les jours pour cela cesse, mais l’état ne nous soutien pas correctement, et il faut rééduquer les habitudes des gens. C’est comme ça dans ton pays aussi questionna t’il tout en se doutant de la réponse ? Oui lui dis-je, après réflexion, c’est pareil… sauf qu’on camoufle ça dans les poubelles et qu’on a moins honte que toi.


Inde- Pondichery

 

Ce matin après une douche à l'odeur des égouts je saute dans mon Sari. Du Pérou à l'Inde le problème de l'eau se pose partout. C'est égal j'ai décidé de prendre quand même des glaçons dans mes jus de citron et de continuer à me rincer les dents à l'eau courante, hors question d'en être malade !

J'entre dans un temple indou et je suis immédiatement interpellée pour me faire "bénir" par Vishnou. Ça tombe bien c'est quand même le dieu de la construction, du sauvetage et de la destruction du monde. On me verse de l'eau dans les mains que je dois boire et verser sur ma tête, on me met un gros bol sur la tête quelques secondes, un point rouge entre les yeux, puis un blanc et je dois manger une feuille qui ressemble à de la coriandre, on me remet une tresse de fleurs de jasmin. Moi qui n'apprécie guère la forte odeur de cette fleur, je la bénie à mon tour de sauver mon nez des effluves de la ville. Ça y est au nom de Vishnou je suis baptisée ou bénie, peu importe. Au point où j'en suis je peux bien me faire à n'importe quelle tradition.

Les indous dodelinent tout le temps de la tête. Ça peut vouloir dire : dépêché toi, merci, tu m'ennuies, file moi un billet, joli sari ou n'importe quoi d'autre. Le but du jeu est donc de se regarder droit dans les yeux pour comprendre la traduction. A mon tour je dodeline à tout va et ça leur plaît, on se comprend mieux comme ça qu'avec des mots. Une femme vient dodeliner devant moi avec un large sourire. Elle replace un pendant de mon Sari et je comprends qu'elle est heureuse que j'en porte un, nous dodelinons en cœur. Je me sens comme un culbuto. L'avantage c'est que je ne peux pas tomber. Moi qui croyais que les indous n'étaient pas tactiles en fait ils usent de stratèges divers et variés pour vous toucher ne serait-ce qu'un peu. C'est peut être lié à la couleur de la peau, je ne sais pas.

Apres 6 mois de voyage ...

Presque 6 mois…Bilan de voyage

 

J’ai passé des heures entières à regarder la nature ou a regarder dans le vide et tout au fond de moi, j’ai vu celle que j’étais, celle que je croyais être et celle que je n’étais pas. Bien des rencontres ont été des leçons alors que je n’étais que l’oreille de l’expérience de l’autre. Je me suis sentie perdue maintes fois. J’ai découvert que j’étais complexe, que rien n’était vraiment important mais que je m’attachais à tout, que ne pas faire ma séance de yoga me culpabilisait mais me permettait d’aller chercher plus loin en moi au lieu de me détourner des vérités qui s’imposaient, que rien n’était bien ou mal mais que tout s’équilibrait, qu’on pouvait comprendre les choses et les vivre intensément mais que l’attachement à nos vieux comportements était lui aussi à observer, j’ai découvert que j’avais besoin d’être aimée et que je ne m’aimais moi-même qu’à moitié, que la méditation c’est chaque instant et pas seulement quand on est assis le dos droit les yeux fermés, que j’avais passé des années à renier toute une partie de moi, que chaque distorsion est un enseignement, que bien des choses sont là pour nous apprendre à vivre et à mourir, que le mental est l’outil d’une expérience, que j’étais entrain de mourir à moi-même mais que je résistais, que j’étais déjà la paix et que je n’étais personne, que le chaos nous apprenait à devenir libre et que la libération était instantanée, qu’accepter était le lâcher prise et faisait de nous des Dieux, que les choses étaient extrêmement simples, que je savais déjà tout ça depuis longtemps et que j’avais occulté, j’ai appris que tout cela aussi n’était que des pensées et puis je me suis levée et j’ai recommencé à marcher.

  

 

 

L'écriture me prenant beaucoup de temps, j'ai préféré pour la suite de mon voyage en Asie faire des vidéos pour relater mes expériences. Elles se trouvent dans l'onglet vidéos (ou clique sur l'image).