On va où ?



Desert de huacachina en buggy


Paracas- Iles Ballestres - RÉSERVE de Paracas

Lima- Quartier Barranco


Huaraz - Trek de la laguna 69

Huaraz – Pérou

Trek de la Laguna 69 ou randonnée à l’intérieur du corps

 

 

Huaraz est une grosse ville coincée entre la cordillère noire et la cordillère blanche, victime d’un tremblement de terre en 1970 elle n’a pas une architecture intéressante, tout est fait de briques et les finitions sont inexistantes, mais c’est le point de rdv de tous randonneurs, d’un jour ou plus expérimenté. Ici les montagnes dépassent les 6000 mètres. Vous connaissez forcement l’une de celles qui l’entoure ! SI je vous dis Artesonraju ? Eh bien si, vous la connaissez, vous n’en ignorez que le nom ! Il s’agit de la montagne qui fut pris pour modèle par les studios de cinéma de la Paramount …

 

Voilà le décor est planté, vous avez même les petites étoiles autour du sigle et la musique qui va avec, on va pouvoir y aller !

 

Il est 5h, le soleil n’est pas encore levé. Départ pour la Laguna 69. Un Trek de plus en plus connu d’une journée seulement. Oui une seule petite journée faite pour se dépasser.

 

La veille j’avais croisé 2 jeunes filles rencontrées à Iquitos. Elles revenaient du trek de Santa Cruz, un trek de 4 jours. Elles avaient abandonné le deuxième jour à 3400m d’altitude. Je me demandais si ce n’était pas prétentieux de ma part ce petit trek d’une journée à 48000m, si mes jambes allaient me porter et si mon souffle y résisterait.

 

De façon générale on est bardé de conseils. Ceux de l’agence naturellement. Je louais donc des chaussures de rando gore tex (anti pluie ; c’est la saison des moussons, il fait beau le matin et il pleut tous les après-midis et tous les soirs). Déjà là je ne le sentais pas. Les chaussures montantes m’entouraient les chevilles et leur rigidité me faisait penser à des chaussures de ski, je déteste ca et pour couronner le tout il n’y avait pas ma taille. Je chaussais donc un étau d’une taille de plus que ma pointure en me demandant comment mes pieds allaient pourvoir s’adapter au sentier avec une telle rigidité. J’avais pris la précaution la veille de booster mes jambes avec un Powerstrip sur chaque, histoire de ne pas souffrir inutilement et d’éviter les crampes . Autre conseil, l’eau ! On recommandait 3 litres d’eau. Là encore déception. Je venais de me faire voler ma Katadyn (gourde filtrante qui permet de boire l’eau instantanément dans n’importe qu’elle flaque de boue), il me fallait donc me coltiner 3 litres soit 3KG supplémentaires. Recommandation encore, prendre un sandwich, voire deux, des fruits et des encas. Je me chargeais encore de 3 bananes, un sandwich, une barre de céréales. Auquel on ajoute, la veste de pluie, la crème solaire, les lunettes de soleil, le bonnet, les gants, et les feuilles de coca.

 

Contrairement aux idées reçues, les feuilles de coca ne sont pas une drogue. Pour faire de la cocaïne, il faut bien sur des feuilles de coca, mais aussi une fois récoltées, il faut les faire tremper dans du Kerozene pendant 3 jours en les piétinant (un autre type de mescla !). Ce jus est ensuite mélangé à de la chaux, puis filtré et séché. On obtient alors une pâte de base qui sera par la suite mélangée à 41 autres produits chimiques (dont de l’acide, de l’acétone, de l’éther, de l’ammoniaque, de la chaux etc) Il faut attendre encore que les cristaux se déposent, puis filtrer pour récupérer le chlorhydrate de cocaïne, faire sécher, retirer les cristaux et faire sécher à nouveau pendant 3 heures pour obtenir une poudre blanche : la cocaïne.

 

Donc la feuille de coca à coté, c’est vraiment tout gentillet ! Les Péruviens l’utilisent pour se donner de l’énergie et surtout pour le MAM (Mal Aigu des Montagnes). Avec quelques feuilles séchées qu’ils roulent en boule et se collent dans la joue, ils mastiquent de temps à autres les feuilles qui broyées distillent leurs propriétés. Dans la même gamme on peut trouver des infusions, des chewing-gum et personne ne voit d’éléphant rose traverser le mur de sa chambre façon passe muraille.

 

 

Nantie de mon barda, je pris le bus qui montait à 4OOO mètres. Déjà là l’altitude se faisait sentir. Je sentis en sourdine un mal de crane. Déjà ! En fermant les yeux une envie de dormir m’envahit. Je me laissais glisser avec délice dans ce sommeil qui semblait peu commun et vraiment profond. A mon réveil le MAM s’était calmé, de toute façon il allait falloir s’adapter et s’adopter !

 

 

Le premier kilomètre dans la plaine fut un régal. Vaches, rivière, arbres marron rouge, ciel bleu, soleil …jaune ! Tout invitait à monter lentement et avec légèreté. Puis au sentier les sourires s’effacèrent. La marche ralentit. Le cœur commençait à battre la chamade, pour un peu on fermerait son blouson de peur qu’il ne s’échappe. 800 mètres de dénivelé… nous allions les sentir passer !

 

 

Bien avant le premier col, certains s’asseyaient déjà. Ce fut ma première promesse. Ne pas m’asseoir. Rien que de devoir relever son corps de tout son long et recommencer à marcher était une épreuve. Chaque pas pesait plus lourd. Je ne regrettais pas d’avoir laissé mes chaussures de location dans le bus et d’être à l’aise dans mes Merrell ! Tous les 10 pas nous montions de 10 mètres. La zone droite de mon cerveau souffrait. Étrangement la gauche n’en avait que faire. J’observais. Rapidement ce fut l’hécatombe, le chemin se pavait de randonneurs assis. Je m’arrêtais à mon tour pour souffler mais debout. La veille il avait dit que c’était question de mental. Je m’accrochais à cette phrase et décidais de ne pas lâcher. Le mental est affaire de yoga aussi (oui encore !). Lorsqu’un exercice devient difficile on plonge dedans en saut de l’ange pour regarder ce qu’il se passe à l’intérieur et on respire. Sincèrement je pense qu’il n’y avait rien de mieux à faire que de me concentrer sur cette respiration et de la dompter. Pour m’aider j’allumais mon mp3 bien incapable d’user de mon souffle pour faire la moindre conversation. Dans la playliste mantras je trouvais tout ce qu’il fallait de « ritournelle » pour me donner l’impulsion et la concentration. Quelques mètres plus loin je retrouvais même le sourire et le plaisir du paysage. Ces grandes montagnes pelées, ses roches noires par endroit et tout là-haut les glaciers. Tous les 10 pas environ, je m’arrêtais debout sur le côté pour que mon cœur retrouve une cadence supportable, ou du moins qui me semblait normale. J’en profitais pour me baigner du paysage et toujours et encore ce ciel dont je fais des collections depuis mon départ. Je sentais par vague le MAM refaire surface régulièrement. Je compris assez vite que respirer plus fort et uniquement par le nez me rendait la tâche plus facile. A cette altitude tout ce qui se passe en vous devient net. Je sentais le va et viens de l’air dans mes poumons mais plus encore quelque chose dans le bas du dos qui montait le long des reins. Plus je respirai fort, plus ça montait, plus le MAM diminuait. Je l’ai senti ensuite essayer de gagner la gauche, puis la nuque et toujours je respirais plus fort en faisant monter l’air dans mon dos comme on actionnerait une pompe. Mes vêtements étaient trempés de sueur mais l’énergie requise pour enlever le sac à dos, le blouson, remettre le sac à dos (4KG) et porter le blouson à bout de bras n’était pas envisageable. Je gardais donc tout sur le dos jusqu’à ce que je sente comme à Iquitos ce phénomène d’air conditionné. Plus le temps passait, plus je profitais. La marche restait difficile, le cœur menaçait toujours de quitter son lit mais je prenais un vrai plaisir à sentir mon corps vivre. Tout est mental avait-il dit, tout est yoga avais-je appris.

 

 

Le sommet approchait. Impossible alors de deviner le paysage de carte postale qui se cachait derrière ce dernier col. Je regardais en bas et me sentie fière d’être arrivée jusqu’ici. On distinguait à peine les détails de la plaine.

 

 

Au sommet, ceux qui étaient arrivés avant moi prenaient la pause pour la photo devant une petite lagune aux eaux sombres enclavée entre des roches grises. J’étais stupéfaite. Tout ça pour ça ! Je revins sur mes pas pour revoir ce magnifique paysage qui m’avait accompagné jusqu’ici et compris pour la première fois tout le sens qu’avait le chemin comparé à sa destination. Un peu sonnée, je traversais la lagune pour voir l’autre versant quand j’aperçu que le sentier continuait, redescendait dans la vallée et remontait d’autant que nous avions déjà parcourus…

 

 

La vallée était verdoyante, plane et accueillante cependant une bonne moitié du groupe s’assit pour se reposer et ne pas continuer. Pour la plus part d’entre nous ce sommet annonçait la fin de l’effort. La prochaine montagne à gravir était encore plus haute. Marcher dans la vallée était déjà difficile…Je montais le son de mon mantra et calais mon pas sur celui-ci. Je fredonnais même à voix basse en baissant les yeux pour ne pas croiser le regard de ceux qui abandonnaient de peur de me laisser tenter.

 

 

La marche de cette autre montagne ressemblait à une marche de bagnards. Les corps se déplaçaient avec lenteur et lourdeur. Souvent dans une main la bouteille d’eau, dans l’autre le blouson. Nous dépassions à tour de rôle de mètres en mètres, certains faisant 10 pas avant de s’asseoir, d’autres 5 comme moi avant de reprendre la route. Certains buvaient, mangeaient. Quelque part je les enviais car le poids de leur sac diminuait. J’avais toujours mes 2 litres d’eau, mon encas, mes bananes, mon sandwich. Il me paraissait impensable de manger. Je n’avais pas faim du tout. Pas soif non plus. Je savais que je devais me forcer, mais j’étais bien. Mon corps ne donnait aucun signe d’alarme. J’avais de la salive. Peu mal aux jambes bien que lourdes, le cœur battant la chamade, mais le Mam ne s’installait pas. J’allais très bien, je gardais le sourire devant ces paysages grandioses. Je n’avais pas besoin de tout ça. J’avais juste besoin de respirer et de sentir.

 

 

Subrepticement le paysage changea. En un flash je revis un paysage de montagne que je m’étais inventée lors d’une méditation avec Deepak Chopra. Ce paysage était là sous mes yeux. Exactement le même alors que j’avais cherché à l’époque à y enlever des choses tant il me semblait qu’une montagne ne pouvait ressembler à cela. Il était devant moi. Et il était exactement entrain de se passer ce que j’avais vu : cette horde de grimpeur à pas lent. Je me retournais et regardais les montagnes. On sentait l’air du glacier refroidir l’atmosphère, les nuages nous enveloppaient. J’adorais ces touffes d’herbes folles aux couleurs violacées et crèmes et je me sentie immense comme faisant partie du vent, des cascades et des roches.

 

 

Je repris la marche en sentant comme il devait être bon de pouvoir fermer les yeux à cet instant et de m’endormir. Les derniers mètres furent terribles pour les jambes et le cœur. Je m’arrêtais tous les 3 pas. Ceux qui redescendaient encourageaient ceux qui comme moi gravissaient les derniers mètres dans un effort que l’on a plus envie de faire.

 

 

La Laguna 69 offrit enfin son spectacle turquoise dans ce désert de roche où pas un brin d’herbe ne pousse. Cachée là-haut au milieu de rien, nous venions la réveiller avec nos selfies de conquérants et le tapage de nos voix.

 

 

A peine arrivée le guide me signifia qu’il nous fallait tous redescendre immédiatement. Je lui demandais le temps de faire le tour de la lagune mais il se fit si pressant que je ne restais pas plus de 10 minutes sur le site avant d’entamer le retour.

 

 

A mon tour j’encourageais les derniers grimpeurs (qui auraient moins de temps que moi encore à la Lagune) dans ce qui se voulait être une descente facile en comparaison de l’effort qui venait d’être fait. Je redescendis par paliers. Si la marche se voulait plus légère et le cœur au repos, il n’en restait pas moins que le corps demandait à s’adapter à l’altitude descente. Clairement j’étais fatiguée. Après des heures de marche, je ne m’étais toujours pas assise et le sommeil m’appelait. Je descendis lentement pendant que me doublaient ceux d’en haut. Le guide me rattrapa. Il me demanda d’accélérer. La descente fut un cauchemar. Sans respecter les paliers, les maux de tête m’envahirent et je finis en larmes. Dans la panique et sous la pression du guide, je fus incapable de gérer le stress et ma respiration. Je ne vis rien des paysages que j’avais tant aimé à l’aller, cet après-midi-là, contrairement à tous les autres, il ne plut pas. Je croisais quelques randonneurs qui vomissaient ne supportant pas eux non plus une descente si rapide. J’envoyais bouler le guide qui ne me lâchait pas car il avait 29 personnes à l’aller dans son bus, il lui en fallait 29 au retour. Je dormis dans le bus et me sentie perdue en ville pourtant à 2 pas de mon hôtel. La pression était redescendue mais un mal sourd persistait. Je n’avais toujours ni faim, ni soif, ni courbatures. Je restais convaincue que tout se serait parfaitement passé si j’avais pu respecter ce que mon corps me demandait. Je m’endormis avec pour seul regret de ne pas avoir pu dormir là-haut. Car le sommeil là-haut, c’est comme entrer lentement dans toute la douceur de la mort.   


Communauté Arco Iris


Iquitos- Le marché Bélen et sa petite venise


Du yoga dans la jungle

Intie- 2ème semaine

Du Yoga dans la jungle

 

C’est avec une certaine appréhension que je regagnais Intie. Quelque chose en moi avait allumé une veilleuse en zone rouge. Je plaçais ma semaine sous la vigilance d’une petite phrase « Ne crois pas tout ce que tu penses ! » et voyais ce qu’elle offrait dans chaque situation.

 

Autre semaine, autre jour de mescla (mélange d’argile, de paille, de sable et d’eau que l’on pétrit avec les pieds sous la surveillance des moustiques affamés). Le groupe de filles n’est pas en forme nous peinons lamentablement alors que la veille ce fut presque facile. Le principe est simple. Observer ce qui traverse les pensées. J’observe et fini par aller chercher de l’énergie là où il y en a…dans le groupe des mecs ! D’un coup la fatigue, la sueur, les jambes lourdes, tout devient plus supportable. Comme dirait Romain, parfois on vampirise l’énergie de quelqu’un sans même s’en rendre compte. Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense !

 

A mon grand étonnement, ici de 18 à 45 ans tout le monde parle de spiritualité et de médecines parallèles. C’est d’une aussi grande banalité que de parler du temps qu’il fait. Personne ne s’étonne, ne passe pour un illuminé. Pourtant il y a des ingénieurs, des commerciaux, des étudiants, des mecs très pragmatiques. Mais c’est avec plaisir que chacun fait part de ses expériences en terme d’énergie, d’Ayahuasca (voir le film Blueberry) , de Kambo (venin de grenouille en cataplasme utilisé par les communautés indigènes qui provoque des hallucinations et cure certaines maladies telles que l’alcoolisme, la dépression, les staphylocoques etc). Le mot chaman se retrouve sur toutes les lèvres, même pour moi s’en est presque trop et je préfère rester en silence parfois et observer.

 

Comme tous les après-midis je propose une séance de yoga. Ce jour-là ils sont 7. Personne ne connaît le yoga Kundalini mais l’expérience est tentante pour chacun. Je donne quelques indications en début de séance et c’est parti pour 1H30. Certains en redemanderont le jour suivant. D’autres stupéfaits de la puissance de la pratique n’oseront pas renouveler tout de suite, pour d'autres encore c'est une révélation et souhaitent poursuivre cette pratique en rentrant. Je connaissais mes propres ressentis, j’ignorais jusque-là la perception des autres. Le groupe vient de me faire un cadeau dans son partage de fin de séance. Ils m’encouragent à continuer et même à devenir prof. On me demande des séances pour la semaine suivante. Je m’imagine rentrer à Iquitos et me pencher sur la préparation d’une courte séance que j’animerai sans les supports audios des cours d’Elodie et Brice Cavallero. Je garde un œil constant sur les circonvolutions de mon mental qui passe de l’enthousiasme au manque de confiance, de l’échafaudage de plans futurs à la simple respiration présente en un quart de seconde. Toute la semaine je prends soin de laisser de côté la veilleuse rouge de mon appréhension de début de semaine afin de lui accorder le moins de place possible et de tenter de vivre l’instant présent. Je fais une demande de signes clairs pour établir la suite.

 

Étrangement je constate que mes ongles résistent pour une fois à tous travaux même sans vernis, j’ai déjà pris des forces et maigri aussi. J’ai rarement faim mais tout le monde ici met un tel point d’honneur à faire de la cuisine végétarienne hyper créative avec trois fois rien que je me laisse tenter par tout ce qui est proposé. Je suis tout le temps sale, j’ai les cheveux hirsutes, pas vu mon visage depuis un moment dans une glace et ça me plait ! Mes yeux ne voient plus flou sans lunettes, j’ai même pu voir une sauterelle verte sur une feuille verte à 3 mètres de moi !

 

Dans la nuit de jeudi je fais un rêve qui m’indique que je dois rentrer à Iquitos et ne pas revenir. La veilleuse devient un phare. J’ignore ce qu’il se passe mais j’écoute. Je doute aussi.. Serais-je entrain de croire à ce que je pense ? J’annonce mon départ pour samedi. Malgré un vendredi difficile en reforestation, j’ai envie de rester. Des liens se créent parmi le groupe qui m’incite à rester et il y a encore tant de choses que je n’ai ni vu, ni tenté !

 

Je décide de plier ma tente le vendredi en fin de journée et de dormir la dernière nuit dans le dortoir avec les autres. Avec précaution j’enlève le double toit de ma tente. Je découvre une mygale aussi noire que velue au sommet de ma moustiquaire. A l’aide d’un bâton je l’envoie se promener dans son domaine plutôt que le mien. Je descends de mon estrade sur pilotis et aperçois cette fois une araignée énorme sous le plancher de ma tente. Je la laisse en paix. Je replie ma tente toujours sous la vigilance de l’armée volante de sa majesté et celles de mes pensées qui voudraient bien jouer à avoir peur. Je respire et tout disparaît comme un mirage, armée volante comprise. A nouveau vigilance sur le fait d’en douter, ce qui pourrait les rameuter …Ne crois pas tout ce que tu penses ! D’autres pensées m’assaillent dans la même seconde, autant envie de rester que de partir, je ne sais pas pourquoi j’écoute ce rêve. Où se trouve le bouton off des pensées ? La pratique du yoga vient à mon secours, je me rappelle qu’il n’y a qu’à observer et qu’à nouveau tout disparaît. Qui est celui qui me rappelle d’observer quand tout devient confus?

 

Mission accomplie la tente est pliée. Je fais 3 allés/ retours sur les 500 mètres qui me séparent du campement dans la nuit qui m’ouvre ses bras pour ramener mon bardas. Il ne reste que ma lampe à décrocher et un sac poubelle à ramener pour rendre Valentine (le nom de la cabane) à la mygale qui m’enviait. Le cœur un peu lourd je remonte une dernière fois sur l’estrade pour récupérer ma lampe lorsqu’une partie du plancher bouffé par les termites s’écroule sous mes pieds. Je chute avec lui sans me faire mal. J’ai la certitude à présent qu’Iquitos m’attend. Valentine n’abritera plus personne. Je la remercie de son hospitalité et de m’avoir attendue. Je n’oublierai jamais cet endroit, Intie et tous ses occupants si lumineux.

 

Je passe une nuit dans le dortoir bien moins agréable que dans Valentine et prends au matin le bateau qui me ramène dans cette ville aussi bruyante que malodorante. Je découvre en pointillé la signification de mon rêve qui confirme ce que je pensais, mais il est déjà, trop tard. J’ai peut-être raté une occasion de ne pas écouter mes pensées, qui sait ce qu’il en serait advenu… je ne le saurais jamais. Le lendemain mon beau pendentif se casse sans que je comprenne vraiment sous quel effet. Lui qui était censé m’accompagner tout le long de mon voyage … Je comprends à présent que ma route se fera sans filet, sans porte bonheur, sans fausse croyance. Je me sens un peu seule avec moi-même, certaines ombres s’étendent comme la nuit sur Intie mais je sens aussi plus que jamais que celui qui observe ce qui observe est présent en moi. Il y aura toujours des pensées qui feront de l’ombre à mon soleil mais rien ne dure, chaque seconde est éphémère. Je peux faire une mescla de ma vie ou de mes pensées avec ou sans vampiriser moi-même l’énergie de mon mental. 

C’est juste un choix ou plutôt une présence.


Direction Intie Eco lodge


Volontariat dans une lodge en pleine jungle

Intie Eco Lodge- Pérou – A 4h d’Iquitos en plein cœur de la jungle

 

Iquitos est la plus grande métropole accessible uniquement par les voies fluviales et aériennes. A 4h de là en plein cœur de la jungle se situe Intie, une lodge créé de toute pièce par Anne (29 ans à l’époque) et de volontaires dans le but d’un tourisme durable et en harmonie avec son environnement.

 

Pari réussi pour cette jeune Française qui me donne envie de la rejoindre !

Entre soleil et pluie nous sautons dans la barque qui nous conduit tout droit dans l’imaginaire de Moogli. Seul le bruit du moteur dérange la beauté paisible de ce paysage extraordinaire. Déjà des papillons gros comme ma main font leur apparition dans un ballet de couleurs vives, j’aperçois quelques vautours et toujours ce ciel si bleu, immense dans lequel j’aime tant me perdre. Hélas le brouhaha du moteur prévient les animaux de notre présence, nous n’aurons pas la chance de voir, tapirs, singes et autres habitants. La jungle est une grande dame discrète qui demande à ne pas être dérangée durant ce qui ressemble à une sieste éternelle. Les animaux sont ses protégés et sont tout aussi pudiques et réservés.

 

Suivant la course du soleil nous arrivons après 2h de navigation dans le jour qui décline à une berge de sable blanc comme du sel. Nous accostons et sortons nos sacs à dos ainsi que les provisions pour la semaine. Sa majesté la jungle nous accueille à sa manière en nous envoyant ses soldats les plus redoutables et insignifiants qui soient, histoire de nous rappeler qu’ici nous sommes sur son territoire et que nous nous devons de devenir humbles face à elle. C’est donc dans une attaque en règle de moustiques que nous parcourons nos premiers mètres à pied dans cette forêt luxuriante.

 

Au briefing ayant eu lieu précédemment à l’hôtel, Anne avait proposé une cabane sur pilotis hors de la zone de camps et des dortoirs, pour le plus vaillant d’entre nous. Non pas que je me sois sentie vaillante, mais dans mon imaginaire j’avais vu cette cabane au milieu des arbres. Naturellement j’ai levé la main dans l’espoir de ne pas avoir à batailler pour m’y installer sans bien savoir à quoi m’attendre mais trop heureuse de savoir qu’elle n’existait pas que dans mon imagination. Je fus étonnée de constater que je bataillais toute seule pour y séjourner… Sans prendre le temps de visiter les dortoirs à mon arrivée pour ne pas revenir sur ma décision, je m’enfonçais un peu plus hors du camp dans un dédale de racines, de feuilles de gadoue et de toiles d’araignées.

Voici qu’apparaissait après 5mn de marche un plancher de bois sur pilotis (sans murs), un toit de feuilles tressées : Ma cabane ! J’y déposais mes 20KG de sac et me hâtais de déplier ma tente sous les baisers sauvages des soldats de sa majesté. Je sentie la panique me gagner lorsque je compris que j’avais mal monté le second toit de la tente. Il me fallait défaire et refaire avant d’entrer dans mon domaine, accepter pour cela quelques minutes de plus aux prises avec mes prédateurs de chair et de sang, invisibles dans la nuit qui tombait. Je m’arrêtais, respirais, inspirais et recommençais lentement, pour ne pas avoir à recommencer encore. J’installais ensuite mon matelas et fermais la moustiquaire avec un plaisir non dissimulé. J’étais dans mon domaine, quelques mètres carrés de tente au cœur de la jungle. Avec ses bruits de grenouilles, ses cris d’oiseaux, le bruit de la pluie dans les feuilles. Je respirais dans le poumon du monde avec la certitude que la grande dame ne me voulait que du bien.

Nous nous levons avec le soleil à 6h ! J’ai très bien dormi ! Nous avons 1h pour le petit déjeuné avant de commencer la matinée de travail. Je me contente d’un café alors que j’en bois rarement en Europe. Les habitués se font des pancakes locaux dans la cuisine ouverte à même la terre battue qu’ils garnissent d’œufs ou de bananes et de pommes. Distribution des taches et briefing avec Manuel, chef de chantier, un Italien « Empéruvianisé ». Au choix :

 

- Mescla : Il s’agit d’un mélange de terre d’argile rouge, de sable blanc et d’eau qu’il faut pétrir avec les pieds. Retourner, malaxer encore jusqu’à ce que tous les ingrédients soient parfaitement mélangés et homogènes comme une pâte brisée pour le dessert. Ensuite on ajoute de la paille, le mélange se fait plus dense, mais il faut pétrir encore. Les jambes et les bras en prennent un coup ! Je m’enduis toute entière d’argile des pieds à la tête pour éviter les piqures de moustiques, ça a l’air de marcher…un peu !

 

- Tapissage : Avec la mescla de la veille, il faut recouvrir le mur de sacs de sable, ce qui formera une sorte de crépis naturel. On forme des bouses de terre, on les plaque contre les sacs et l’on malaxe avec les doigts pour faire tenir la motte. Les brins de paille aident au maintien de la motte suivante. Je prends un malin plaisir à trucider dans un juron 2 ou 3 vampires ailés dans l’écrabouillage d’argile !

 

- Ramassage de terre : Hormis les termites qui sont chassées de la Lodge à grand coup de pulvérisation, tout est écolo à Initie. La terre provient elle aussi de la jungle, tout comme le sable et la glaise. Il faut aller la chercher dans la forêt, sous les amas de feuilles et le maillage des innombrables racines. D’un mètre carré à l’autre on est sur de la glaise plus que sur de la terre, choisir son spot est affaire d’inspiration ou de connaissance. J’utilise la première option faute d’expérience et tombe sur un filon que Corentin m’aide vaillamment à élargir. Il faut ensuite porter les lourds sacs sur son dos en traversant la forêt pour les ramener à la Lodge afin d’en garnir les futures plantations d’ananas. Les moustiques sont partout, en nuée, en troupeau, par grappe, en formation, dans le cou, sous le t-shirt, dans les bottes. Même le fameux DEET ne peux rien pour nous. Les vêtements sales et détrempés de sueur collent à la peau, ils font penser aux vêtements utilisés dans le désert malgré les températures extrêmes pour garder la fraîcheur. Il est vrai que malgré le soleil et la sueur, sans les manches longues, le pantalon et les bottes de caoutchouc nous ne tiendrions pas bien longtemps face aux démangeaisons qui nous attendent.

 

- Cuisine : Nettoyer la cuisine pour éviter les rats, changer les bassines d’eau pour la vaisselle (pas d’eau courante, ni d’électricité dans le camp), aller chercher de l’eau potable au tank, faire la cuisine pour 17 personnes avec les ingrédients du bord. Pas question d’aller au supermarché chercher le « ca » qui nous manque, ni de fermer les fenêtres pour éviter fourmis piquantes (pires que les piqures de moustique mais plus rares), abeilles de nuit (qui volent le jour mais qui piquent aussi), et autres insectes volant non identifiés.

 

Vous l’aurez compris le danger dans la jungle ce sont les moustiques et les fourmis ! Les autres animaux ne se donnent pas la peine de nous effrayer. Oubliez les serpents et autres tarentules qui peuplent vos fantasmes. D’ailleurs il y a bien une grosse tarentule qui a élu domicile dans la seule et unique douche du camp, ce qui fait que nous ne cherchons même pas à éviter qu’elle nous mate en tenue d’Eve du moment qu’elle reste bien sage sur son poteau et qu’on peut la mater nous aussi sans la déranger, ni se faire piquer !

Pour ma part j’ai pris le parti de me doucher toute habillée afin de laver mes vêtements en même temps que moi. Je bénis l’achat de mon t-shirt North Face (pour ne pas le citer) qui sèche en un temps record, me protège des UV et assure un service anti-odeurs à toutes épreuves !

 

Je passerai chaque jour à l’un des ateliers. Ces quelques heures de boulot sous le soleil ou la pluie sont éreintantes, je me demandais si mon corps suivrait... Il suit ! Après un repas végétarien et une bonne sieste, place au yoga. Ceux qui veulent se joindre à moi sont les bienvenus. Là encore la méditation peut s’avérer une épreuve de foi et de patience…les moustiques ne lâchent pas. Moi non plus ! Et j’ai besoin de ces exercices pour tenir physiquement et mentalement.

 

Apres un dîner aux chandelles, à 21h tout le monde va se coucher, je regagne ma tente dans la nuit noire sans crainte de mauvaise rencontre. Les étoiles et ma lampe frontale m’accompagnent. J’ai dû abandonner mes lunettes qui ne me servaient à rien pleines de buée. Peut-être que ça m’évite de voir des petites bêtes susceptibles de m’inquiéter sur le chemin marécageux. C’est parfait !

 

Les journées sont trop courtes et denses pour me permettre d’écrire, le sommeil m’appelle, la jungle me berce doucement de ses bruits, je m’endors paisiblement.


Transporteur Edouardo  - Yurimaguas/ Iquitos  - Perou


En croisière sur le fleuve de l'Amazonie

Pérou-

Yurimaguas / Iquitos

Il m’aura fallu un peu plus de 40 heures de bus pour rejoindre Yurimaguas depuis Lima.

J’empruntais tour à tour combi, moto taxi, bus avec ou sans confort. J’ai passé plus de nuit à dormir dans les bus, que dans les auberges de jeunesse, plus de journées à voyager qu’à visiter. Bien sûr j’aurais pu prendre l’avion de Lima à Iquitos, cela ne m’aurait coûté que 40€ pour 2h de vol, mais j’avais souhaité cette lenteur pour m’adapter au voyage, délaisser derrière moi ce qui me retenait encore de m’abandonner à l’aventure que je voulais vivre.

C’est donc à Yurimaguas que je considérais que mon périple commençait. Sur le port je trouvais un moto taxi qui me renseigna et prit soin de moi jusqu’à mon départ comme s’il était mon père. Miguel m’avait dégoté une cabine 2 places pour moi seule sur le pont supérieur et un rabais sur le prix. 

Pendant que les cargaisons étaient chargées à dos d’hommes, je m’installais dans mon logement temporaire bien heureuse de passer 2 jours au même endroit. Je m’accoudais à la balustrade pour observer le spectacle des péruviennes attachant leurs hamacs, lavant leur linge sous le filet d’eau d’une bouteille.

Il faisait gris, il venait de pleuvoir. Les hommes pataugeaient dans la boue sous le poids des régimes de bananes, des caisses de poules vivantes, des sacs de patates, et une quantité d’autres fruits dont j’ignorais encore le gout sous ces latitudes.

Dans cette moiteur tropicale il était difficile de respirer ou de se mouvoir sans avoir l’impression de suffoquer. Il fallait apprendre à respirer différemment, à trouver un autre rythme. Je m’allongeais dans ma cabine face à la porte et regardais les arbres. Je me souvins de l’inconfort d’un exercice de yoga où je peinais à respirer sans paniquer. C’est en m’abandonnant au-delà de cette panique que le calme était revenu et que j’avais trouvé du confort et de la patience dans l’inconfort de cette position saugrenue. Je fis de même en regardant les arbres et puisais un nouveau souffle dans leurs racines et le prana. Tout est yoga.

Les araignées vinrent me rendre visite dans la cabine. Assez grosses et très différentes de leurs cousinage avec les araignées de chez nous, je pensais alors à ma fille qui en a horreur et aux quelques mois que j’allais passer dans la jungle où elles seraient inévitables. Il fut passé un accord entre elles et moi : je leur laisserai la vie pour peu qu’elles ne me grimpent pas dessus. L’accord passé, chacun de nous fut très respectueux du territoire de l’autre. Un énorme cafard mourut de sa belle mort sous mon lit dans un bruit déchirant, un papillon noir et blanc gros comme mon poing vient se poser sur mon genou, et les vautours dansèrent dans le ciel pour ceux qui voulurent du spectacle.

Sur le pont je rencontrais 3 voyageurs Lyonnais qui se rendaient non seulement à Iquitos mais aussi à Intie, comme moi. Angélique est justement une connaissance de longue date d’Anne notre hôtesse. Nous rions de ces rdv avec le hasard.

Nous nous arrêtons dans différents village le long du fleuve pour charger ou décharger des marchandises. Ce ballet ressemble fort à une fourmilière en activité. Bernard Werber le décrirait mieux que moi.

Tout le monde est très gentil et cherche à communiquer. Je fais un peu ma sauvage, je n’ai pas envie de parler, pas encore. Le bateau quitte à nouveau les berges. Je me laisse absorber par ce serpent d’eau qui sinue entre les 2 rives du fleuve. La végétation m’émeut aux larmes, j’ai l’impression d’être chez moi. Le soleil fait son apparition comme pour me souhaiter la bienvenue. Je reste des heures durant après un dernier message interrompu faute de réseau avec l’Europe, à m’enivrer de verdure et de ce ciel qui ne m’a jamais paru aussi grand, qui s’allonge devant moi comme une amoureuse langoureuse.

Je pense et je pense encore trop. J’imagine ce vide que je ressentirai à nouveau et qui me comblera.

Il fait tellement moite que mes lunettes sont pleines de buées. A peine je les essuie que ma vue déjà est troublée. Je sourie en me disant qu’il va me falloir les abandonner et rééduquer ma vue, tout comme je devrais rééduquer mon estomac et tant de choses encore !

A propos d’estomac, le mien est vide depuis longtemps. Je n’ai pas fait de course contrairement aux recommandations. Une bouteille d’eau de 2 litres est la seule charge supplémentaire que je me suis octroyée. J’ai confiance quoi qu’il advienne (c’est l’unique condition de ce périple). Au pire je mangerai d’ici 3 jours ! A ce moment-là arrive tout sourire un Péruvien avec un plateau repas : Du riz blanc, une cuisse de poulet et des haricots rouges ! Qui a dit qu’il fallait être prévoyant ? :-P C’est sobre mais bon ! Tout est parfaitement cuit, ni trop ni pas assez. 

Je mange peu, je n’ai pas vraiment faim, j’ai envie de quelque chose de juteux, de dégoulinant qui fasse danser mes papilles. Je descends sur le pont inférieur et plonge dans une mer de hamacs suspendus où se balancent les péruviens les yeux mi-clos. Entre 2 montagnes de boites d’œufs j’achète pour 3 soles 2 mangues (que je sais déjà succulentes pour y avoir goûté hier), 1 banane et 1 orange qui comme la veille me décevra. Je découvre qu’il y a un « bar » qui vend du papier toilette, des petits pains fourrés au beurre salé et du coca de la selva …

A peine ai-je eu le temps de remonter à ma cabine que j’aperçois une péruvienne aux cheveux mouillés. Je lui demande comment elle s’est lavé les cheveux. Elle m’indique les toilettes, et une histoire de douche, à laquelle je ne comprends pas tout, où coule l’eau marron du fleuve. Elle me propose aussi sec une balade en bateau, désigne une barque amarrée à notre transporteur. J’ai juste le temps d’acquiescer et de fermer ma porte à clé qu’elle me prend la main et m’emmène avec elle.

Je monte dans la barque, enfile le gilet de sauvetage que l’on me tend et nous filons à vive allure vers les berges. Je réalise alors que je n’ai pas pris le temps de réfléchir. Je ne sais pas où nous allons, ni pourquoi, ni comment nous regagnerons le transporteur qui continue sa route, ni combien de temps nous partons. Je ne sais pas qui est cette fille et pourquoi elle m’emmène avec elle alors que je ne la rencontre que depuis 1 minute.

Je sens la peur monter en moi. Des kilomètres de questions défilent dans ma tête en 10 secondes. Soudain je m’en veux d’être aussi naïve. Je check ce que je porte sur moi : mon téléphone qui ne sert à rien puisqu’il n’y a pas de réseau, mon passeport, l’argent, les 2 cartes de crédit, la clé de ma cabine. Si je me fais agresser c’est la fin du voyage. Ou bien peut-être est-ce une façon de vendre plus ou moins de force un tour sur berges. Le doute et la peur prennent place en moi. Je me rappelle, je me le suis promis. Pas ça ! Si je commence à me laisser gagner par la peur, c’est aussi la fin du voyage !

Je regarde à nouveau les arbres, les racines qui baignent dans l’eau et je sais dans les racines qui baignent au fond de moi que partout où je vais-je suis en sécurité.

Si cette certitude vous donne à sourire, elle est pour moi plus qu’une réalité. 

Je reprends pied intérieurement et sourie à la belle péruvienne aux cheveux qui commencent à sécher. Nous faisons un tour le long des berges. Elle m’explique les rondins de bois cachés entre les arbres pour la fabrication des planches et des meubles, les épineux, me montre comment repérer les dauphins. Les courants forment de drôles de tourbillons dans l’eau. La surface du fleuve me fait penser à la peau fripée d’une vieille femme basanée. Selon les zones l’eau devient d’un noir d’encre. Je ne me le l’explique pas et je n’ai pas envie de savoir. Le mystère est bien plus beau, je n’ai pas besoin de me rassurer de connaissances. 

Plus tard je me doucherai avec cette eau boueuse. Les toilettes à bord disposent d’un ingénieux système qui, au moyen d’un simple tuyau et d’un robinet sont raccordés à la cuve d’eau des WC, elle-même pompée dans le fleuve. Après une hésitation, je constaterai que les Péruviennes n’ont pas de pustules, ne semblent pas malades et je déciderai de m’y doucher à mon tour. Ma peau n’aura jamais été si douce qu’au sortir de cette douche, jamais elle ne m’aura moins rêche. 

Nous faisons demi-tour avec notre petite embarcation et regagnons le transporteur. « Bienvenue au Pérou Tara ! », me dit mon hôtesse toujours aussi spontanée en me faisant la bise pour me dire au revoir.

 

Je remonte dans ma cabine ravie et interloquée, je rêvasse et me laisse écraser par la chaleur. Je sens mon corps qui transpire, colle, suinte de toutes parts. Je regarde le ciel si bleu et lui confie que j’aimerais bien un peu de pluie. Dix minutes plus tard de gigantesques nuages chevauchent le ciel… il pleut !

 

 

 

 

 

 

Le voyage commence le 6 Novembre 2017

 

...Encore un peu de patience !

 

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